Les commerces au long du COM
Épisode 2
Notre collectif dénonce un manque d'informations des riverain.e.s et des commerçant.e.s impacté.e.s par le projet. Nous avons décidé d'aller à leur rencontre pour recueillir leur témoignages. Le second témoignage confirme aussi ce manque d'information et décrit le projet comme une aberration technique et écologique.
Quelle est votre connaissance du projet de COM, en 2 mots ?
Moi, je suis donc à part des informations parcellaires qu'on obtient par presque rumeurs. Après, au-delà de votre contact à vous, on a eu personne, jamais personne n’est venu nous voir. Rien. On a eu la campagne « d'affichage d'enquête publique » qui était d'ailleurs un tout petit peu planquée derrière les panneaux que moi j'ai pu voir et autrement. Rien, jamais rien. Je ne peux pas être plus clair que ça. Après, au-delà de ça, nous, on a été faire après des recherches sur Internet, d'ailleurs plus à travers votre site Internet qu'autre chose.
D'accord. Pour vous, a priori, même si vous n'avez pas été informé, quel est l'impact que ça pourrait avoir sur votre activité économique, votre entreprise ?
Au vu de ce qu'on a pu voir au travers des documents qui ont été dits, ça va plus loin que ça, c'est que pour le coup, on serait même dans le domaine de l'emprise, c'est à dire qu'on n'existerait physiquement plus. Notre entreprise doit techniquement sauter.
C'est positif, c'est négatif, c'est comment pour vous ?
L'implantation, ça peut être que négatif puisque pour le coup, on a fait des investissements dans le local, on a une expo, on a nos clientèles qui viennent nous voir. On a une clientèle récurrente, on connaît, on sait où on est, on a de la visibilité. On existe à travers notre emplacement.
Votre opinion sur ce projet : pensez-vous que c'est utile ou pas?
L'utilité du projet, pour moi ? C'est une aberration technique, écologique. Déjà, faire passer des poids lourds en centre-ville, ça semble être une ineptie. On en est à passer l'avenue de Toulouse en piste cyclable et derrière ça, à 200 mètres, on va faire passer une autoroute. Pour moi, ça tient du délire. Parallèlement à ça, on contourne quoi ? On demande à des camions qui pourraient passer par une autoroute existante de gagner 15, 20 bornes, alors que pour le coup, on pourrait très bien les faire descendre sur l'autoroute via Béziers et après reprendre l'autoroute conventionnelle. C'est un raccourci qui va d'ailleurs augmenter, de manière significative le trafic pour gagner une vingtaine de kilomètres. On va se retrouver à avoir plus de poids lourd à Montpellier et ça va pour le coup, de mon point de vue aussi, mais ce sera vérifié à terme, engorger l'autoroute existante, parce qu'il va y avoir des interconnexions. Et à chaque fois qu'il y a des interconnexions...
Quelle est votre connaissance du collectif Autrecom que nous représentons ici ?
On vous connaît parce que vous êtes venu nous voir. Vous êtes les seuls d'ailleurs à être venu nous voir. Vous êtes après, pour avoir parcouru, discuté, vous proposez des alternatives et plus économiques d'ailleurs, en réalité aussi, et plus écologiques aussi, pour imaginer un autre contournement de Montpellier.
Quelle est votre réaction, vos intentions, vos actions futures par rapport à ce projet ? Qu'est-ce qui vous arrive là ? Qu'est-ce que vous faites ?
Déjà, on aimerait bien être informés. En réalité, aujourd'hui, le niveau d'information, il est complètement hétérogène. C'est à dire qu'en gros, que ce soit d'ailleurs la municipalité, de mon point de vue, elle ne joue pas son rôle parce qu'elle est toujours à même de nous demander des impôts, des taxes publicitaires. On a tout, on a la totale. Mais par contre, derrière ça, en termes de communication, la décence, ce serait au moins de venir voir... Il n'y a pas des milliards de personnes qui sont concernées par le projet. En réalité, ce n'est pas vrai. Et aujourd'hui, à part les coupures potentielles de presse ou des choses comme ça, on n'a rien, pas d'info, rien.
Quel conseil de communication vous pourriez nous donner pour que les gens soient un peu mieux informés ? Quelles idées ?
Concrètement, vous communiquez plutôt bien. Parce qu'on vous a vu et vous venez et vous faites clairement du porte-à-porte. C'est ce qui est, en vrai, ce qui n’est pas très compliqué et qui pourrait être fait par les pouvoirs publics aussi. Parce qu'en gros, vous regardez la route et puis vous suivez le chemin. Moi, je trouve qu'en termes de com', vous êtes bien. Vous jouez le jeu. Ce qu'il faut peut-être, de mon point de vue, c'est plus expliquer les projets alternatifs. Mais même sur ce type de barnum, ce qu'il faudrait, c'est peut-être inviter aussi peut être des politiques. On le fait chaque fois. Ils ne viennent pas, je me doute, mais en l'occurrence, jusqu'à preuve du contraire, même si on est tout à fait ouverts... Moi, je suis complètement ouvert à discuter avec des sujets comme ça parce qu'en réalité... Le message est envoyé, après, on verra ce qu'ils en pensent. Je me doute que vous le faites à chaque fois.
Les commerces au long du COM
Épisode 1
Notre collectif dénonce un manque d'informations des riverain.e.s et des commerçant.e.s impacté.e.s par le projet. Nous avons décidé d'aller à leur rencontre pour recueillir leur témoignages. Le premier témoignage confirme ce manque d'information.
Quelle est votre connaissance du projet de COM, en 2 mots ?
C'est prévu pour 2x2 voies qui vont passer devant nous, sauf qu'on n'a aucune information en tant que commerçants. Du coup, on ne sait pas comment ça va se dérouler pour nous, ce qu'ils proposent. En fait, ils ont décidé entre eux et nous on n'a absolument pas de connaissance de ce qui va se dérouler exactement. Ça, c'est le plus gros problème.
D'accord. Et vous, à votre avis, que vous soyez maintenu ou pas maintenu, quel impact ça va avoir pour vous?
Ça va nous détruire, c'est net et clair. Là, on a plusieurs commerces sur la place. Ils forcent les gens qui habitent à Montpellier à utiliser les vélos. Comment ils vont traverser les autoroutes qui passent devant nous ? C'est impossible, c'est un projet impossible. Là, quand je louais ce local, on était au courant qu'ils allaient faire des travaux. Depuis des années, ils ont parlé de ça mais c'était prévu uniquement pour élargir les voies, pour fluidifier. Là maintenant, ils débarquent pour poser une autoroute devant notre porte.
Ça, c'était le projet à l'époque pour élargir les voies, pour fluidifier la circulation. Maintenant, qu'est-ce qu'ils vont faire? Ils vont faire passer tout le monde devant. Pour les impacts, même au niveau d'habitants qui restent à côté... De Montpellier, comme ils avaient déplacé le local à côté pour faire les achats, Lidl et tout ça, toutes les compagnies qui ont investi leur argent, comment les gens ils vont-ils se déplacer ici? Qu'est-ce qu'ils vont faire ? Ils vont forcer les gens à utiliser plus de véhicules qu'aujourd'hui. C'est tout ce qui va dérouler.
Alors que sur la Métropole il y a la ZFE, Zone à Faible Emission, qui vient jusque-là! Quelle est la cohérence? Tous les camions vont passer juste là devant. Alors, c'est quoi l'intérêt de tout ça? C'est une balle dans le pied !
Quelle est votre connaissance de notre collectif, le collectif pour un Autre COM?
J'ai entendu parler pour les vélos, les espaces « protection des voies douces », pour « rester normaux », pas pour faire passer autant de véhicules. Comme je vous disais, c'est un projet qui va impacter même au niveau des espèces, des animaux, ils n’imaginent même pas... Je ne sais pas comment ça va se dérouler. Et les travaux déjà là, qui sont faits à Montpellier, on sent déjà leurs impacts ici. Mais s’ils commencent les travaux sur le rond-point de Paulette, tout ça, ça va nous impacter encore plus : c'est un passage principal pour desservir ces zones. Et Autre COM, c'est justement pour trouver d'autres solutions. D'autres alternatives. D'autres solutions.
Vous les connaissez, ces alternatives, ou pas? Etes-vous allés sur notre site?
J'ai regardé. Moi je dis : en fait, ils ont déjà énormément d'emplacement là-derrière, s'ils veulent des autoroutes, il y a énormément d'emplacement là-derrière, sauf qu’ils ne veulent pas. A mon avis, c'est le maire, les hommes qui sont derrière, etc... Parce qu'il y a une grosse zone, je ne sais pas si vous voyez ici, vous avez un espace énorme, qui peut faire passer des autoroutes.
C'est une zone naturelle, c'est encore pire...
C'est encore pire, je suis d'accord, mais après ils peuvent détourner pour aller au niveau de Fabrègues et joindre les autoroutes si besoin, avec beaucoup moins d’impacts pour les environnements.
L'échangeur de Fabrègues...
Exactement. Ça pourrait fluidifier le passage pour venir ici parce que les gens prendront les autoroutes pour aller à St Jean, pour aller de l'autre côté de ville. Je ne vois pas l'intérêt de ce projet pour passer devant. Parce que le détournement à Fabrègues, c'est une alternative en fait, et je sais pas pour quelle raison ils ont choisi ce chemin.
Et vous savez combien de voies qui arrivent au rond-point de Rieucoulon?
Je crois 6.
8. Plus 2.
J'ai vu le projet, je ne comprends pas, absolument pas. C'est un monstre.
C'est un projet qui date de 35 ans.
Quand j'ai loué le local, ce n'était pas une autoroute. Ils m’ont dit « on va couper juste un petit peu votre parking, une petite partie. Comme ça vous avez des panneaux qui sortent, ce n’est pas grave. Vous avez une voie, il va faire les accès pour rentrer là-bas, directement devant le Lidl pour rentrer dans votre zone et repartir là-bas ». Ce n'était pas prévu qu'ils fassent passer une autoroute devant nous. Ce n'était pas le projet et là tout à coup ils ont déclenché, on fait une autoroute : je ne comprends pas !
Pour terminer, on s'aperçoit à Autre COM que les riverains, ils ne sont pas bien informés. Ils ne sont pas au courant. Donc, vous quels conseils vous pourriez nous donner pour qu'on amplifie un peu la communication pour les usagers, les riverains, les Montpellierains. Quelles idées vous auriez pour que les gens soient mieux informés de notre côté et pas seulement du côté de Vinci, des journaux locaux et tout ça?
Il faut peut-être tourner vers Midi-Libre, mais je ne sais pas s'ils sont d'accord pour faire la publication comme ça parce qu'ils sont ... La Gazette et Midi-Libre, ils sont comme ça.
Les post-vérités de Vinci :
Nous avons lu et relu la décision du Conseil d'Etat maintes fois, mais rien, nous avons été incapables de trouver où le Conseil d'Etat réaffirmerait l'utilité publique du COM (encadré en jaune). Et pour cause, il ne l'a simplement pas fait, comme confirmé par téléphone par Maître Boda, l'avocat au Barreau de Paris qui a attaqué et rendu caduc le financement du COM (pour plus d'informations )
Nous restons aussi dubitatifs sur le fait que l’on puisse assurer que ASF soit en charge de la réalisation du COM sans marché public, au vu du droit de la concurrence (encadré en vert).
In fine, comment le COM peut-il être gratuit si Vinci cherche un nouveau mode de calcul des péages pour se rembourser (encadrés en orange) ? Les usagers qui utiliseront le COM pour aller entre la A750 à A9 verront les tarifs augmenter avec un tel montage. Donc le COM n'est pas gratuit, ce qui est compréhensible vu son prix (le montant des travaux avoisinant ou dépassant les 330 millions d’euros).
Autoroutes : Des superprofits illégaux
Peut-être ce n'est pas le moment de signer un énième contrat avec Vinci pour le COM !
https://www.blast-info.fr/articles/2023/autoroutes-des-superprofits-illegaux-DXWwFnCaTO6Ff7-5r0anfQ
https://youtu.be/UqDPHYpECHU
Décryptage du sondage de Vinci
Épisode 1
Aujourd'hui nous commençons une série de posts pour décrypter le sondage commandité par Vinci à l'IFOP en Octobre 2022.
Nous tenons à remercier Vinci pour sa transparence.
Nous analyserons ce document à plusieurs reprises dans les prochaines semaines, chaque fois en nous focalisant sur un aspect différent.
Dans ce premier post, nous verrons que le chiffre de "83% de sondés sont favorables au projet" mis en avant par Vinci et dans la presse locale masque des informations plus intéressantes.
Après quelques questions sur l'usage des transports dans l'agglomération de Montpellier, le sondage commence [page 8] par un procédé qui oriente le reste du sondage : "Comment qualifieriez-vous la circulation à Montpellier et dans l'ouest de la Métropole ? Très fluide, assez fluide, assez difficile ou très difficile ?” Les sondés, avant toute autre question, sont plongés dans les bouchons de l'ouest de Montpellier.
(Qui connaît une métropole où la voiture a une place prépondérante, sans bouchons ?)
À la page 10, nous découvrons que seulement 35 % de sondés déclarent savoir précisément de quoi il s'agit. Ceci nous semble être un chiffre important qui n'a malheureusement pas été mis en avant dans la presse.
Il faudrait que les habitants et les habitantes de Montpellier soient plus nombreux et nombreuses à connaître le projet ! C'est un projet qui aura d'importantes conséquences sur notre territoire, ce manque d'information est à combler au plus vite.
À la page 12, on demande aux sondés s'ils sont tout à fait favorables, plutôt favorables, plutôt pas favorables ou pas du tout favorables au COM. Le projet est présenté dans la question même comme le seul et unique moyen de résoudre les bouchons évoqués en page 8. Ceci est un grand classique de la sociologie des sondages, le biais de confirmation. Dans le cas présent, la description de l'aménagement qui fait l'objet du sondage n'est pas neutre, au contraire elle comporte de nombreux éléments lexicaux qui font référence à un jugement positif : "améliorer la desserte", “valoriser”, "réduire le trafic routier vers le centre". Outre que ces effets bénéfiques ne sont pas démontrés, ils induisent un biais pour le répondant qui ne peut être que favorable à des effets bénéfiques.
Vinci et la presse locale ont résumé ce résultat par "83% des sondés sont pour le COM". On pourrait se demander pourquoi 15% de sondés ne sont pas favorables et 50% plutôt favorables mais pas tout à fait, si le projet est vraiment si vertueux. Mais surtout, on sait que 65% des sondés ne connaissent pas le projet, comment peuvent-ils se prononcer de façon raisonnée sur un projet qu’ils ne connaissent pas ?
Qui travaille dans les sondages sait que les avis des répondants à un sondage ne se valent pas, tout simplement parce qu'ils n'ont pas tous le même niveau d'information et de connaissance pour répondre à la question ni le même niveau de conviction quand ils y répondent, certain ne changeront pas d'avis parce qu'ils se sont forgés une conviction, d'autres pourront changer très vite dès que leur niveau d'information aura progressé. Dans le cas présent, nous avons à faire avec un projet que trop peu de gens connaissent pour se faire une opinion. Probablement, dans ces 35 % qui déclarent connaître de quoi il s'agit, les réponses à la question sont fort différentes de l'ensemble de l'échantillon. Mais malheureusement, le sondage n'a pas sondé dans cette direction…